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Attention, petit bijou droit devant ! Je n’ai pas d’autres mots pour qualifier Dans l’ombre de la lumière. Claude Pujade-Renaud m’avait déjà séduite avec Les femmes du braconnier mais on dépasse amplement ce stade pour tomber dans la phase amoureuse. Petit bijou de sensibilité porté par une écriture lumineuse, tellement limpide, ce roman appartient à la catégorie des récits qui transcendent puis apaisent.

L’histoire quelle est-elle ? C’est celle d’Elissa, concubine répudiée de Saint Augustin, évêque d’Hippone, un des pères fondateurs de l’Eglise Chrétienne, un de ses plus grands penseurs. De cette femme on ne sait rien, mise à part une brève ligne dans les Confessions de Saint Augustin. Claude Pujade-Renaud décide de donner la parole à cette femme de l’ombre, amante insatiable, femme patiente, mère dévouée, à travers un long monologue où elle se remémore sa rencontre avec l’homme, Augustinus, l’étudiant fougueux, l’amant intrépide, l’orateur charismatique, manichéen convaincu, fils dévoué à une mère ayant une ambition dévorante pour lui. Elle seule connait les failles et les blessures de l’homme qu’elle a tant aimé, restée dans l’ombre, femme sacrifiée sur l’autel des ambitions d’Augustinus.

Dans l’ombre de la lumière évoque la nostalgie d’Elissa face au bonheur simple d’autrefois, bonheur lumineux, partagé dans la foi manichéenne avec Augustinus. Ce récit décrit tout autant sa colère face à ce paradis sacrifié, piétiné ! J’ai vibré de concert avec cette femme douloureusement amoureuse, si révoltée face à des ambitions qu’elle ne souhaite ni partager ni comprendre, elle qui ne cautionne pas le reniement de sa foi qu’a opéré Augustinus pour embrasser la religion chrétienne. A travers ce monologue est également esquissée la figure de Saint Augustin, homme intransigeant, devenu si rigoureux dans son christianisme, partagé entre sa foi manichéenne et son ambition dévorante. Quel homme ingrat, lui qui fut si fougueux, si sensuel, jamais rassasié du corps de sa concubine ! Dans l’ombre de la lumière est aussi une belle peinture d’un empire romain en décrépitude, reniant ses dieux païens pour le monothéisme chrétien, assiégé de toutes parts. Nous assistons aux derniers soubresauts d’un royaume autrefois victorieux qui n’est plus que l’ombre de lui-même, une bête traquée qui s’éteint tout comme Elissa, la femme répudiée, l’amante éternelle, figure émouvante dont on partage la souffrance qui transparait à chaque page

Dans l’ombre de la lumière Claude Pujade-Renaud, collection Babel
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