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Si ce roman n’est pas prochainement adapté en film je serais plus qu’étonnée (et déçue) tant ce road movie littéraire en plein cœur de l’Amérique de la Grande Dépression s’y prête. Patrick Graham nous livre une fuite éperdue, une quête de vérité et de vengeance, un saisissant tableau d’une Amérique effondrée qui végète et tente tant bien que mal de se ressaisir, brassant sur les routes des hordes d’affamés, de sans-abris, de familles à qui on a tout pris. Le rapprochement avec le chef-d’œuvre qu’est Les raisins de la colère de Steinbeck est aisé j’en conviens. Mais Patrick Graham évite selon moi le danger d’imiter ce monument littéraire. Au contraire, il donne une vision plus violente de cette période des années 30 en mettant en scène le destin de deux égarés, deux victimes de cette grande crise : Sid, l’ancien soldat noir qui a tout perdu (terre, famille, avenir) et de Carson Fletcher, jeune adolescente intrépide et effrontée dont a massacré la famille sous ses yeux et qui voit en Sid un compagnon d’infortune, une bouée de sauvetage. Notre duo arpente les terres affamées de la Georgie et du Tennessee racistes, les plaines arides de l’Oklahoma, voyageant de nuit dans les wagons insalubres des trains qui traversent le pays avec tout ce que l’Amérique compte de hobos, de femmes et d’hommes désespérés qui fuient la misère, prêts à accepter n’importe quel travail, aussi ingrat soit-il. Sid et Fletcher cherchent à fuir et à se venger, de ses banquiers, hommes d’affaires et policiers corrompus alliés à la Mafia et qui, profitant de la crise, dépossèdent d’honnêtes gens de leurs terres pour les vendre et spéculer dessus. Notre duo a ouvert la boîte de Pandore et charrie derrière lui la vermine la plus infâme bien décidée à les faire taire, et notamment une sorte de Javert, marshall corrompu qui n’a plus rien à perdre.

J’ai lu Des fauves et des hommes d’une traite, absorbée par ce road movie dont l’écriture est si cinématographique. Aucun temps mort, des portraits saisissants et attachants, une peinture de l’Amérique de la Grande Dépression qui m’en a pas mal appris. Autant vous dire qu’il est difficile de lâcher ce roman d’une grande dureté, sans complaisance mais pour autant d’une profonde justesse qui ne sombre jamais dans le manichéisme.

Des fauves et des hommes de Patrick Graham, collections Pocket
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