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Imaginez la version française de Fenêtre sur cour d’Hitchcock, sauf que le héros n’est pas un grand et fringant reporter coincé malgré lui à cause d’une jambe cassée dans un immeuble new-yorkais, mais une vieille femme de 80 ans, coincée dans son pavillon bourgeois de la banlieue parisienne. Cela devrait plutôt bien vous résumer le thriller de Sophie Loubière. Son héroïne, Elsa Préau est une ancienne institutrice à la retraite qui végète avec ses petites habitudes dans cette banlieue parisienne qu’elle a toujours connue. Son fils, médecin, vient la voir souvent mais on sent que le devoir filial l’emporte sur le réel plaisir de boire un thé accompagné de gâteaux avec sa tendre maman. Notre octogénaire est donc plutôt solitaire et tente tant bien que mal de s’occuper. Ça tombe bien, un nouveau couple de voisins attire tout particulièrement son attention, et surtout le petit garçon solitaire, type chien galeux qui vit avec eux mais ne semble pas réellement faire partie de la jolie famille. Mal fagoté, malingre et renfermé cet enfant n’est pas traité de la même façon que les deux autres marmots du couple. Elsa Préau, dont la spécialité est de sensibiliser les plus hautes instances sur les travers de la société actuelle à coup de lettres assassines, en fait une affaire personnelle : pour elle, quelque chose cloche dans cette famille en apparence bien sous tout rapport. Qui est cet enfant ? Que lui font-ils subir ? Elsa décide de venir en aide à cet enfant invisible aux yeux de tous, qui lui rappelle tant son propre petit-fils. Mais comment croire une vieille femme dont tout le monde s’avise à penser qu’elle n’a plus toute sa tête et qui, on le découvre au fur et à mesure, porte le poids d’un passé qui ne plaide pas vraiment en sa faveur ? A-t-elle rêvé cet enfant ? Est-elle folle ? Bonne à interner ?

Efficace et bien écrit, L’enfant aux cailloux est porté par une héroïne attachante, touchante d’imperfections. Outre une intrigue policière originale, Sophie Loubière a su dépeindre avec une vraie justesse de ton le portrait d’une femme esseulée et perturbée, en proie avec ses propres démons. L’enfant aux cailloux c’est aussi et avant tout le regard posé par notre société actuelle sur la vieillesse et le devoir de solidarité qui nous incombe envers les plus faibles. J’y ai personnellement perçu un tableau social derrière l’intrigue, quasiment reléguée au second plan ; question de point de vue. Et c’est ce que j’ai tant apprécié dans ce roman psychologique car les multiples niveaux de lecture permettent de s’approprier chacun à sa manière ce thriller qui ne vous laissera pas indifférents.

L’enfant aux cailloux de Sophie Loubière, collection Pocket
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