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Ceux qui me connaissent bien savent que j’affectionne tout particulièrement le ptit Frenchie qu’est Caryl Férey : ses thrillers de l’autre bout du monde (Argentine, Afrique du Sud) m’embarquent à chaque fois. Caryl Férey a cela de particulier que ses thrillers évoquent systématiquement les problèmes de fond du pays dans lequel il ancre ses histoires : pauvreté, exclusion, oppression des minorités locales, gangrène qu’est la corruption, manipulation d’état…C’est ce que j’aime tant dans son style : cette capacité à aller au-delà de l’exercice de genre et transcender tous les styles : roman politique, sociologique, thriller, tout cela à la fois.

Haka est un de ces premiers thrillers et pour le coup, nous voilà embarqués en Nouvelle Zélande, pays des gros balèzes que sont les all Blacks, des Maoris et des grandes étendues vertes, pays de Peter Jackson et du Seigneur des anneaux (ok là je divague). Revenons à nos moutons néo-zélandais. Comme à chaque fois, on ne va pas y couper, son héros est un anti-héros par excellence (et là on atteint le sommet en matière de flic borderline) : Jack Fitzgerald est un métis écossais et maori, hanté par la disparition 25 ans plus tôt de sa belle et lumineuse épouse et de leur adorable petite fille. Du coup, voilà 25 ans qu’il erre sur les trottoirs d’Auckland à leur recherche, fracasse le crâne de quelques délinquants par ci par là pour se défouler (quoi de plus normal), snife de la coke et n’a quasiment pas d’amis. Peu apprécié de sa hiérarchie, celle-ci le tolère parce que figurez-vous, il est le meilleur limier de la police d’Auckland. Bref, si on passe ces « légers » travers (et soyons honnêtes, ce cliché du flic/pas flic, mi voyou mi justicier), Jack Fitzgerald mérite qu’on s’y attarde car l’affaire dont il a la charge est gore à souhait : on retrouve le corps d’une jeune maori dont le clitoris a été scalpé, voilà c’est dit. Cette affaire faisant écho à une affaire plus ancienne comprenant la même victimologie, notre héros se retrouve baby-sitter d’une profileuse, belle plante aussi mystérieuse que sérieuse, sexy à souhait, qui derrière ses apparences froides et distantes cache de profondes blessures ; tout un programme. Alors, rituels maoris ayant dégénéré ou meurtre crapuleux ? C’est tout l’enjeu de cette enquête qui va nous amener à brasser les pires fonds vaseux de l’âme humaine. Un conseil : âme sensible s’abstenir, l’hémoglobine n’étant jamais loin. Et puis Caryl Férey n’y va pas avec le dos de la cuillère côté détails sanglants donc rassasiez-vous avant d’entamer la lecture d’Haka.

Dire qu’Haka est le meilleur roman de Caryl Férey, non je ne peux m’y résoudre : Zulu et Mapuche le détrônent amplement. Néanmoins, je n’ai pas goûté mon plaisir (et oui on peut éprouver du plaisir à lire ce type d’ouvrage, je sais c’est étrange, peut-être faudrait-il consulter :)). Mais l’enquête est suffisamment tortueuse et traitée efficacement pour recommander ce thriller. Sans aller au fond des choses en matière de critique du système néo-zélandais (notamment sa manière de gérer les Maoris), on a quand même un bon aperçu de la condition de vie de ces populations natives qui tout comme les Aborigènes et les Indiens d’Amérique, subissent exclusion, alcoolisme, pauvreté et donc – CQFD - du ressentiment.

Haka de Caryl Férey, Folio
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