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La relation mère-fils évoquée dans Long week-end laisse ici place aux relations entre sœurs ; pour un résultat tout aussi réussi. Joyce Maynard reste sur la thématique du roman d’apprentissage cher à son cœur en nous narrant la confrontation de deux sœurs avec un monde adulte violent qui mettra fin au temps de l’innocence.

Rachel et Patty, 13 et 11 ans, vivent dans une banlieue tranquille, zone périurbaine de San Francisco. Nous sommes dans les années 70 ; le tube My Sharona caracole en tête des charts. Ce duo fusionnel, enfermé dans une bulle hermétique faite de jeux et de bêtises souvent initiés par l'imagination fertile de l'aînée, Rachel, vit protégé de la réalité qui les entoure, épargné des souillures du monde par leur père, inspecteur de la Crim' pour qui ses filles sont son plus beau trésor. Charmeur et charismatique, Antony Toriccelli est vénéré par ses filles, d'autant plus adulé qu'il diffère tant de leur mère, femme dépressive, simili figure parentale qui laisse ses enfants livrées à leur propre sort. C'est dans cet univers aseptisé que Rachel et Patty vont être confrontées à l'horreur : au cœur des montagnes environnantes, des jeunes femmes sont violées puis sauvagement assassinées selon un mode opératoire identique. La panique s'empare de toute la ville qui réclame justice et protection. Inspecteur principal, Anthony Toriccelli est chargé de l'affaire mais en dépit de son acharnement, l'enquête piétine, le tueur continue sa macabre besogne, jetant dans l'effroi toute la population locale, impactant le quotidien de Rachel et Patty qui voient leur père sombrer peu à peu. Trop attachées à leur père, ses filles feront malgré elles l’apprentissage de la violence.

Fin de l’innocence, rapports fraternels mais aussi rapports au père, Joyce Maynard montre encore l’étendue de son talent dans ce roman profondément attachant et juste. Sous couvert d’une enquête policière (par ailleurs véritable fait divers), c’est avant tout une belle histoire d’amour et d’amitié entre sœurs qui nous est contée, une fable sensible sur le poids des regrets et la nostalgie du temps béni de l’enfance, un focus émouvant sur les premiers émois adolescents, cette période ô combien difficile et pourtant si déterminante. C’est simple j’ai dévoré ce livre en à peine 2 jours, roman qui m’a émue en tout point. Lumineuse et fluide, non décidemment j’aime l’écriture de Joyce Maynard et sa façon d’aborder tout en pudeur les thèmes de l’adolescence. Un roman à mettre entre toutes les mains.

L'homme de la montagne de Joyce Maynard, collections 10/18
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